CARDON, Marie François Eugène Joseph

Le 14 Juillet 1759 naquit à Marles, Marie François Eugène Joseph CARDON, fils de Martin CARDON, fermier audit Marles et de Marie Bernardine Joseph Carré, son épouse. Son acte de baptême nous apprend qu’il eut pour parrain le comte d’Hinnisdaël de Ferfay, seigneur du Wetz-à-Marles et pour marraine la Comtesse de Calonne-Ricouart.

Marie, François, Eugène, Joseph Cardon est le type de ces épiques héros français: soldat de la République et de l’Empire. Ceux, dont les grands romanciers du XIX° siècle nous ont raconté la vie, toute de bravoure et de véritable gloire militaire.

Il entra volontairement au service le 12 Mai 1780 dans le corps royal des carabiniers, y devint brigadier le 15 Mars 1784, maréchal des logis le 5 Novembre 1785, fourrier le 29 Novembre 1786, maréchal des logis en chef le 18 Avril 1788 et adjudant sous-officier le 5 Mai 1792.

La guerre étant survenue, les occasions de s’illustrer ne tardèrent-elles pas à se présenter, et le soldat qui avait mis douze années à devenir adjudant sous-officier, au milieu des ennuis et des travaux, va en moins de deux ans être fait capitaine. En effet, promu sous-lieutenant au moment d’entrer en campagne, il avait reçu au combat d’Arlon sur l’épaule gauche, un coup de sabre qu’on avait cicatrisé avec le brevet de lieutenant, et dès le 8 Nivôse AN II, il était capitaine. Le 9 Prairial suivant, il commandait un piquet de cent carabiniers chargés de soutenir un corps de quinze cent hommes d’infanterie. L’affaire était chaude, on se battait contre les Anglais; ils étaient supérieurs en nombre; fatigué de la résistance de l’ennemi, le capitaine Cardon charge à fond avec ses cent hommes, culbute tout ce qui veut lui résister, reprend un canon qui nous avait été enlevé et décide de la victoire. Après avoir fait, avec une grande distinction, les campagnes de l’an IV et l’an VII, il se couvrit de gloire à l’armée du Rhin, le 11 Frimaire an VIII: tous les officiers supérieurs du 1er Carabinier venaient d’être mis hors de combat à l’attaque des gorges d’Odenghein. A la tête de cette cavalerie d’élite, il enleva les gorges si vaillamment défendues et fit mordre la poussière à quatre cent cuirassiers autrichiens. Cette brillante action de guerre eut les honneurs de l’ordre du jour de l’armée. Cardon prit part à toutes les campagnes suivantes: il fut décoré de la Croix d’Honneur le 26 Frimaire An XII. A Austerlitz, il eut un cheval tué sous lui au milieu des escadrons de la garde russe. A Augustadt, il venait de conduire la charge qui avait décidé la victoire, quand il fut mortellement atteint.

C’est dans ce ciel de bataille que le destin mit fin à la carrière de ce légendaire soldat originaire de Marles-les-Mines, et dont la famille s’est perpétuée jusqu’à nos jours dans les environs de notre cité.

Auchel, le 1er Mai 1939.

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