CHAPITRE SIX -- MARLES AU XIX° SIÈCLE

MARLES AU XIX° SIÈCLE

La grande tourmente intérieure passée, nos villages, secoués avec rapidité, au plus profond dans leurs us et coutumes ancestraux, révolutionnés dans leurs habitudes, goûtèrent avec la joie que l’on devine, le calme que leur apporta l’établissement du Consulat et quelques temps après celui du 1er Empire.

Marles, bien qu’adaptée rapidement, comme toutes les communes, au nouveau système administratif et politique, a toujours la même physionomie de village d’antan. Sa vie se cantonne autour de l’église qui, à cette époque, est le centre, le coeur du pays. Nichées au creux de la vallée, humblement installées sur le dernier contrefort qui descend aux bords de la Clarence, bien serrées pour s’abriter des vents du Nord et l’Ouest, contre lesquels les protégeaient de grands tilleuls qui d’ici de là bordaient les rues et ruelles, ses fermes et ses maisonnettes en torchis, (1) formaient un ensemble ressemblant à un quadrilatère, presque régulier, qu’aujourd’hui encore il est facile de délimiter: ayant pour côté la rue de l’Epinette, la rue de l’Enfer, (rue de la République) une portion de la rue Pasteur, appelée en ces temps: rue Duquesnoy et la rue de l’Egalité, dénommée autrefois la rue du Mont Colleau. Ce quadrilatère coupé presqu’en son milieu par la rue Neuve, aujourd’hui rue Pierre Titrent.

(1) Torchis: mortier composé d’argile et de paille coupée.

Le lecteur, pour se faire une idée de ce vieux Marles à l’aube du XIX° siècle, doit s’imaginer les chaumières rassemblées autour de l’Eglise (surtout du côté Nord-Ouest) qui les couvrait de son ombre, comme une poule couvre ses poussins; des cités Ste Barbe et de celles du côté d’Auchel et Calonne il n’était pas question; seules les blondes moissons et les verts pâturages s’offraient au regard en ces lieux. Si un étranger venait à Marles en emprunt ant le chemin d’Auchel, -- au beau temps, car l’hiver il était impraticable et se transformait en véritable bourbier -- la distance entre ces deux villages lui paraissait grande. A cette époque l’ancêtre du boulevard Gambetta n’était qu’un chemin de labour étroit, en bien des endroits encaissé entre deux talus, bordé de buissons d’aubépines et d’arbustes sauvages et d’ici de là de quelques frênes ou tilleuls. Cet étranger arrivait à la hauteur des écoles Gambetta d’aujourd’hui, où se trouvait une petit chapelle entourées d’arbres face au mamelon sur lequel ont été bâtis l’Hôtel de Ville et le Square, là où se trouve le cimetière et que l’on désignait en ces temps sous le nom de “Mont Coleau” . Un sentier que se trouvait à la limite du jardin public, presqu’à l’endroit de la clôture en ciment armé d’aujourd’hui, le conduisait à la portion de la rue Pasteur appelée rue Duquesnoy et de là, en descendant la rue du Mont Coleau (rue de l’Egalité) il arrivait face à l’église, en plein centre du Bourg. La descente du boulevard Gambetta n’existait pas, elle sera établie beaucoup plus tard, tout le monde s’en souvient en 1925. La rue du Vis-à-Marles, dénommée de nos jours rue Pasteur, était un chemin de terre bordé: là d’un pré, ici de champs. Quelques rares fermes se perdaient sur son parcours et, comme tous ses semblables, sec et poussiéreux l’été, il devenait un bourbier aux ornières profondes et fangeuses l’hiver, comme d’ailleurs les ruelles du village où nos aïeux, surtout nos grand-mères, pour pouvoir circuler, garnissaient leurs chaussures de patins qui leur permettaient de traverser les rues boueuses.

Dans le bas du bourg, sur la droite de l’église, se trouvait le vieux moulin en pierres de craie, dont l’origine remontait au XVIII° siècle et dont nous avons fait mention au chapitre IV. Nous l’avons tous connu, sa disparition totale ne date en effet que de 1937, avec sa légendaire roue à palettes frappant les eaux claires de la Clarence qui coulait paresseusement à travers les prés, aux pommiers fleuris, aux vieux saules (allaux) dont les troncs rabougris, recroquevillés et difformes, baignaient leurs tortueuses racines dans l’eau clapotant à leurs pieds. En amont, cette rivière côtoyait le verger du château: encore un vieux témoin de Marles, aujourd’hui malheureusement disparu. On y accédait en prenant une petite avenue qui partait de la rue du Marais, face à l’église et dont le tracé existe encore de nos jours et à qui l’on a conservé son nom de rue du Château. Cette avenue bordée d’arbres séculaires conduisait au parc au milieu duquel se trouvait la vieille gentilhommière des comtes de Marles, de la famille de Beaulaincourt. Elle ne se composait plus au milieu du XIX° siècle, après avoir été rebâtie avec les restes de l’ancien château, que d’un corps central de logis en pierres de craie d’un seul étage flanqué à chaque angle de la façade principale, d’une tourelle en briques d’un effet plus décoratif qu’utile, (voir hors-texte IV). Vers la Clarence, le parc se transformait en verger et de l’autre côté de la demeure seigneuriale se trouvait un étang bordé de joncs sur lequel, nonchalamment, les nénuphars étalaient leurs larges feuilles. Derrière cette antique propriété et rattachés à elle s’étendaient de vastes prés et des terres à labour. L’installation des mines a fait disparaître tout cela. Les affaissements miniers eurent tôt fait d’avoir raison des vieilles pierres. Le petit château, branlant de toutes parts, fut détruit en 1925. Le parc, le verger, et l’étang, petit à petit, disparurent à leur tour et aujourd’hui il n’en reste plus que le souvenir.

Certes, à la belle saison, quand les arbres couverts de verdures, les folles moissons se courbant au gré des vents, les gras pâturages remplis de gros bétail, le moulin à roue chantante, répondant au gazouillis des oiseaux du parc, d’où perçaient les toits coniques en poivrière des élégantes tourelles qu’apercevaient, des coteaux voisins, les cultivateurs affairés à la terre: le vieux Marles ne manquait pas de poésie terrienne que notre époque moderne, à l’industrie dévorante, a fait disparaître.

La population qui était en 1804, à la proclamation du 1er Empire de 442 habitants, occupait le huitième rang, comme importance dans le canton d’Houdain et venait après Houdain, 962; Hersin, 913; Labuissière, 606; Bouvigny-Boyeffles, 585; Noeux, 580; Camblain-Cahâtelain, 523; Bruay, 470; suivi par Rebreuve, 432; Divion, 419; et bien loin ensuite par Calonne Ricouart, 228. (1)

(1) Annuaire du Pas-de-Calais (1804)

chateau

PHOTO IV -- Gentilhommière de Marles, communément désigné sous le nom de “Château de Marles”. Construite au début du XIX° siècle, par les comtes de Beaulaincourt avec les restes du véritable château de Marles, elle fut détruite en 1925.

Depuis le début de la Révolution, l’on dénote un accroissement sensible de la population, léger sans doute, mais continuel. Ce fait est à remarquer car le nombre d’habitants ira sans cesse croissant jusqu’à nos jours où il semble stabilisé et même en régression.

A cette époque, où il n’existait pas ou peu d’industrie, seule la terre était la grande nourricière et de ce fait la population, essentiellement rurale, se composait de cultivateurs -- le nouveau terme qui depuis la Révolution avait remplacé celui de laboureur – et des quelques artisans nécessaires à la vie d’un bourg agricole: maréchal ferrant, menuisier, etc … qui eux-mêmes se livraient plus ou moins à la culture. En consultant les registres de l’Etat Civil de cette période on peut se faire une idée de la vie corporative de Marles au début du XIX° siècle. La majorité des hommes sont cultivateurs, parmi eux il existe une sorte de hiérarchie établie par la fortune. Il y a des propriétaires importants, d’une culture à 2 chevaux, auxquels la vente des biens nationaux appartenant au ci-devant Beaulaincourt, a permis d’arrondir leur domaine; on y distingue quelques noms qui reviennent souvent: le Morel, les Vincent, etc … les propriétaires moyens, d’une culture à un cheval, ils sont le plus grand nombre; et les tous petits propriétaires se débrouillent bon an mal an. Dans les fermes importantes, travaillaient les ménagers, les journaliers et les bergers. Autour de tout ce monde agricole gravitait un petit peuple d’artisans indispensables à la vie rurale: le maréchal-ferrant, le charpentier, quelques maçons, et chose curieuse, pour nos jours: des tisserands car à cette époque, on cultivait beaucoup le lin qu’il fallait tisser pour le tisser en belles toile blanche, nécessaire à la vie familiale et dont le surplus allait se vendre aux marchés d’Houdain, Pernes, Lillers, Béthune et même La Bassée.

Enfin, dans cette énumération, il ne faut pas omettre les meuniers car il existait un moulin à moudre bleds à Vis-à-Marles et un autre à tordre huile à Marles où on écrasait les graines d’oeillette et de colza également très cultivées en ces temps. Toute l’activité économique du village est consacrée à la terre. L’agriculture à force de labeurs, y était florissante, mais le peu de valeur des produits de la ferme rendait la vie pénible. Les cultures principales étaient celles du blé, du lin, des graines de colza, le pavot noir appelé dans nos régions oeillette, le seigle, l’escourgeon, l’orge, les fèves, les navets, les carottes et les pommes de terre. Les terres à labour y étaient bien entretenues et surtout bien fumées. Certaines années lorsqu’elles étaient fatiguées, on y pratiquait “le lit avant” qui consiste à puiser profondément une terre nouvelle qui remplaçait celle que la culture avait épuisée. Les “marlettes” terres marneuses des coteaux de Lozinghem et d’une partie du versant de Bruay étaient cultivées à la sole. On les ensemençait deux années de suite et on les laissait en jachère la troisième année et parfois la quatrième. Pas un seul pouce de terrain cultivable n’était laissé à l’abandon. La superficie de Marles, qui se décomposait à cette époque de la façon suivante:

Terres labourables402 ha 26 a 60 ca
Jardins 4 ha 05 a 35 ca
Pâtures 3 ha 73 a 10 ca
Prés 7 ha 58 a 45 ca
Propriétés bâties 2 ha 88 a
Marais 2 a 10 ca
Vergers5 ha 62 a 55 ca
Bois, taillis12 ha 46 a 25 ca
Friches 23 a 10 ca
Rietz 30 a 90 ca
Avenue 26 a 20 ca
Etang 18 a 40 ca
soit un total de440 ha 21 a 00 ca

se divisait en cantons, ou lieux-dits, dont les noms, véritable essence de terroir, évoquent aujourd’hui, pour nous, le bon vieux temps de nos grand-parents. Ils tirent leur origine soit: d’un site, d’une remarque particulière au terrain ou à l’endroit où il est situé, d’un monument ou d’une construction qui s’y trouve érigée, ou alors, rappellent le souvenir d’un acte d’histoire locale qui s’y est déroulé. Pour Marles, les plus typiques et les plus suggestifs sont: LE BOIS DES COLIVEAUX (petit bois qui s’étendait à 146;endroit où se trouve aujourd’hui la ligne de chemin de fer du Nord; aux limites de Calonne-Ricouart); LE CHAMP A L’ARGENT (à la limite avec Divion) d’après les vieux, ce nom proviendrait de la couleur de la terre qui à cet endroit est très argileuse et d’un jaune de louis d’or; LE CHAMP MADAME (à l’endroit du terril N°2); LE BOIS DES DOUZE (en descendant vers la vallée de la Clarence près du chemin de Pernes) en souvenir d’un petit bosquet où il ne restait plus que 12 arbres, on en voit encore la trace de nos jours; LES COURBES (en allant vers Vis-à-Marles) de nos jours traversées par le chemin rural N°5 qui est un raccourci pour se rendre sur le haut de Vis-à-Marles; LA VALLÉE HERNESSE (vers Bruay); LE CHAMP GIBET (à la limite vers Labuissière) on se demande ce qu’évoque ce sinistre nom? Sans doute quelques pendaisons dont le souvenir est perdu; ROUGEVILLE (au centre de la rue Pasteur un peu plus bas que le commissariat) nom marquant qui a désigné l’une destrois seigneuries de Marles dont l’historique se trouve relaté au chapitre II. – La forme gallo-romaine de ce nom semble évoquer comme ceux de Hurionville, d’Hermanville, etc … une villa romaine qui s’y est trouvée il y a déjà bien longtemps; LA TERRE MARCOTTE (vers Lozinghem); LE BOIS DE MARLES (trait d’union entre les bois du Mont-Eventé de Lapugnoy et les bosquets de Lozinghem) autrefois assez vaste et complètement disparu de nos jours; LES CARRIERES (sur le coteau de Lozinghem) évoquant les anciennes carrières souterraines qui ont servi à l’extraction de la pierre de craie, nécessaire à la construction des églises et des soubassements de maisons; LES RIETZ, terrains crétacés de l’ère secondaire, composés de craie couverte d’une mince couche d’argile et désignés dans le pays sous le nom de marlettes (d’où dérive Marles), formant le mamelon qui lentement s’abaisse vers la vallée carreau; LA VALLÉE CARREAU qui s’étend d’Auchel à la rue de Lozinghem tout le long du coteau des Carrières et du Rietz: vallée qu’a emprunté le chemin de fer des Mines de Marles; LE MONT COLEAU sur lequel sont construits, notre moderne Hôtel de Ville, le square et où se trouve le cimetière et quelques terres de culture; LE GAY (à l’intersection du chemin Vert et du Boulevard Gambetta) est-ce là une déformation du mot guet, l’endroit était vraiment très propice pour faire le guet; LE FOND A CARD vallonnement situé derrière la maison Descamps, sur le boulevard Gambetta; LE MONT D’AUCHEL comprenant tous les terrains qui séparent Marles d’Auchel; LE RIVET A FRAISES ce nom pittoresque désignait le coteau qui s’élève face au terril du N°5 en souvenir des fraises sauvages qui y poussaient; LA VALLÉE SOUFLIN au bas du rivet à fraises, à la limite ouest avec Auchel.

L’on trouve encore de nos jours, ces noms rustiques désignés à la matrice cadastrale, mais lors de la confection du plan, en 1812, on a omis de les désigner et surtout de marquer leur emplacement, il était donc nécessaire et utile de les définir et de les situer afin que leur souvenir ne se perde pas.

Le premières années passées sous l’Empire, avaient apporté la quiétude dans nos villages artésiens et leur avaient permis de reprendre toute leur activité. Une seule ombre existait au tableau: la conscription militaire. Napoléon avait besoin de beaucoup de soldats pour écrire son épopée et bien des bras, jeunes et vigoureux, étaient enlevés à la terre pour les armées impériales qui chevauchaient à travers l’Europe. Notons, en passant, que ce fut l’occasion pour deux fils du pays de s’y distinguer et de s’y couvrir de véritable gloire militaire en ces temps épiques où l’on combattait pour son Empereur. Le premier est originaire de Calonne-Ricouart: BAILLY Ferdinand qui, après s’être battu vaillamment, avec un héroïsme peu ordinaire, sur tous les champs de bataille de l’Europe, termina sa carrière avec le grade de ce capitaine; le second est un enfant de Marles, le capitaine Marie, François, Eugène, Joseph CARDON, né à Marles, le 14 Juillet 1759, fils du bailli du Wetz-à-Marles. On trouvera à la fin de ce volume la biographie de ce valeureux soldat de la Révolution et de l’Empire. (1).

(1) Une anecdote très intéressante conservée dans la famille CHEVAL et dont les dires sont en corrélation avec l’histoire, a trait à deux habitants de Marles que les circonstance avaient placés en deux camps différents: nous avons vu, aux chapitres II et V, que les fils du Comte de Beaulaincourt de Marles, avait pris du service en Espagne dans un corps Wallon. En 1808 un jeune homme de Marles: Louis CHEVAL, faisant partie des armées de Napoléon 1er qui avaient, à cette date, envahi l’Espagne, fut fait prisonnier un jour que sa colonne subit un revers. Il se trouvait aux environs de Madrid. Interrogé, il déclara être originaire du Pas-de-Calais, du canton d’Houdain. L’instructeur surpris, s’écria “Mais c’est le pays de mon commandant”. CHEVAL fut présenté aux comtes de Beaulaincourt qui reconnurent leur ancien compatriote et, au lieu de l’inquiéter, l’enrôlèrent dans l’armée espagnole. Au cours d’un engagement avec les Français, Louis CHEVAL parvint à faire volte-face et à reprendre son rang dans l’armée française. Il revint au pays en 1812.

Au temps des succès, la guerre avait pour théâtre l’Europe entière, mais au temps des revers les armées étrangères envahirent la France et en 1815, après la bataille de Waterloo, les troupes anglo-prussiennes occupèrent l’Artois. Les Anglais s’installèrent dans nos villages; des détachements des leurs occupèrent Marles, Auchel, Calonne, Cauchy, etc … (1) Chaque fermier fut obligé d’en loger plusieurs et de leur assurer un cantonnement complet. D’après les souvenirs, laissés par les vieux, ils se conduisirent assez gentiment et même surent s’attirer les faveurs de certaines “gentes et accordes” demoiselles. Et plus d’un de nous serait surpris, s’il entreprenait des recherches généalogiques, de retrouver un “John Bull” dans ses grands papas.

(1) Allouagne fut occupé par les Prussiens.

Le calme revint avec la Restauration et dès la fin de l’occupation, qui dura de trois à quatre années dans nos régions; nos paysans marlésiens reprirent leur vie calme et monotone d’esclaves de la glèbe, toujours courbés vers la grande nourricière qui leur donnait bien la vie, mais ne leur permettait pas de mener grand train, surtout si l’on voulait, de temps à autres, ajouter un lopin de plus à l’héritage paternel. Les qualités, maîtresses d’économie, régnaient à la ferme qui ne se composait pas, comme aujourd’hui, de vastes bâtiments en brique, mais d’un modeste enclos formé par la maison d’habitation, les granges et les étables, le tout disposé, en général, en quadrilatère: les bâtiments clôturant la cour, au milieu de laquelle se trouvait la classique fosse à fumier où s’ébattaient coqs, poules et canards. (1)

(1) C’est le type de la ferme flamande et artésienne “l’hofstede” franque.

La ferme marlésienne, semblable à toutes les fermes d’Artois, était de construction bien simple. L’ensemble reposait sur une charpente rustique dont les encadrements étaient remplis de torchis que l’on blanchissait à la chaux chaque année, la veille de la “Fête Dieu”. Ce torchis lorsqu’il était bien sec, devenait très friable et les parois servaient de lieu de prédilection à des tas d’insectes et de bestioles aux premiers rangs desquels rats et souris tenaient leur place. Le toit était couvert de chaume; par suite de nombreux incendies et le progrès aidant, la tuile fit son apparition. La terre battue servait de parquet; dans les maisons aisées il y avait un carrelage de briques. Comme plafond, des grosses poutrelles, mal équarries soutenaient des planches disjointes. Les murs étaient percés de petites fenêtres discrètes coupées de petits carreaux. La porte pleine divisée horizontalement en deux panneaux dont le supérieur toujours ouvert et l’inférieur toujours fermé formait la demi-porte propice aux causettes vespérales où comme l’a chanté le poète: “les vieux en bonnet, le menton sur les mains respirent le soir calme aux portes des chaumières”.

L’on remarquait, au-dessus de cette porte, une petite niche où un saint, ou sainte, rustique, taillé à même le bois, apparaissait en protecteur du foyer.

En pénétrant à l’intérieur, l’on se trouvait de plain-pied dans la grande pièce commune, à la fois cuisine et salle à manger. Bien qu’à nous, gens modernes, il puisse sembler trè ;s réduit, le mobilier, dans les ménages aisés, se composait: d’une petite table ronde, quelques chaises, des bancs, un ou deux escabeaux, une grande armoire flamande en cerisier,, très basse, à trois portes, dont les sculptures tailladées au couteau étaient rehaussées d’appliques en cuivre. Au mur était suspendu un grand râtelier à vaisselle sur lequel s’alignaient quelques assiettes peintes de Strasbourg ou parfois, par hasard de Rouen, ou de Delf, et où étaient accrochés une série de pots, dits anglais ou de porcelaine et faïence diverses. L’un des murs était occupé par la monumentale cheminée sur la tablette de laquelle recommençait l’alignement d’assiettes auxquelles s’ajoutaient quelques plats en étain, des jattes polychromes, des statuettes rutilantes sous globe; sur sa vaste hotte évasée, un crucifix, garni d’une vieille branche de buis jauni par le temps, était appliqué; dans l’âtre même, à la crémaillère était suspendue la lourde marmite de fonte ou la bouilloire pour le thé de groseilles noires ou de sauge. A cette époque entre les chenets ne flambait que le bois ou la tourbe, plus tard viendront les grands poêles en fonte ou en tôle dans lesquels on brûlera la houille. Aux côtés de l’âtre étaient accrochés des tas d’ustensiles hétéroclites dont l’usage aujourd’hui est perdu mais qui, en ces temps, était de première nécessité; le chandelier à poêlon (avec sa pierre à feu), l’écumoire, les mouchettes, la boîte à allumettes à bois, la pelle à crêpes, le goûte beurre, le fer à tuyauter, l’éteignoir, les pinces à feu, le gaufrier, la poêle à frire, le grill en fer forgé, le tuyau à souffler sur les braises.

Le mobilier était complété par l’antique fauteuil à fuseaux qui se trouvait au coin de la cheminée et ordinairement occupé par la vénérable aïeule: dans un des coins de la pièce, la légendaire horloge à grande gaine, dont le rythme régulier remplissait la maison du battement doux et monotone de son grand balancier en cuivre poli et bien astiqué; en face se trouvait la huche appelée en nos villages la “maie” où l’on pétrissait le pain et qui servait aussi entre temps, de seconde armoire. Ça et là, divers ustensiles, que la vie moderne a remplacé ou même supprimés: la planche à aiguiser, la planche à gaufrer les bonnets, le planissoir, la presse à calandrer. D’une poutrelle du plafond descendait un “créchet”, lampe des plus primitives, d’où une petite mèche trempant dans l’huile éclairait de son faible lumignon les longues soirées d’hiver. Très souvent, le mur face à la cheminée était percé d’une petite porte basse qui conduisait à la chambre où se trouvait la massive garde-robe où l’on rangeait les vêtements de la famille et où s’empilaient les belles pièces de toile de fin lin. Contre les murs s’alignaient les grands lits en bois de sapin dont les alcôves étaient fermées par de grands rideaux à ramages.

La maisonnette du “ménager” ou ouvrier de ferme était plus modeste, elle se composait d’une ou deux petites pièces très rarement de trois, dont l’une était utilisée pour loger parfois une vache, très souvent un porc, de la volaille et toujours des lapins. Là, le mobilier était extrêmement réduit au strict nécessaire. Chez les plus pauvres, le lit, par terre, reposait sur de la paille ou des feuilles mortes.

De la Révolution au second Empire, l’on remarque que le menu journalier du paysan d’Artois comme des autres provinces françaises, était empreint de la plus grande sobriété. Bien des mets d’aujourd’hui étaient complètement inconnus à cette époque; les aliments se composaient des produits directs de la terre ou de l’élevage familial. Il faut reconnaître que les repas frugaux donnaient force et santé à nos aïeux qui ignoraient beaucoup des maladies actuelles et, malgré les lourds travaux des champs formaient une race forte où les cas de longévité n’étaient pas remarqués comme de nos jours car ils étaient chose naturelle.

Le pain et le lait était la bas de l’alimentation; au repas de midi: la soupe aux choux à laquelle on ajoutait une pièce de lard les jours gras, très souvent le soir, du petit lait cuit avec des pommes et de la farine, le traditionnel “guinze”. L’été il y a en plus le goûter, entre quatre et cinq heures de l’après-midi: “l’archinoire”(1) . Le pain n’était pas toujours de première qualité, mais très consistant: l’antique “pain de ménage”; en temps de disette de farine on y ajoutait des pommes de terre écrasées qui, tout en le rendant très nourrissant, lui donnait une douceur de goût bien particulière.

(1) Patois artésien.

Il faut arriver vers 1860 pour apercevoir quelques changements et quelques améliorations dans le menu journalier. La viande de porc devient journalière. La dimanche et les jours de fête on voit apparaître la viande de boeuf. La bière devient la boisson ordinaire et remplace la tisane de chicorée et même l’eau. Le café complètement ignoré en 1789 et qui a commencé à se propager en 1848 où l’on n’en prenait qu’aux jours de fête (baptême, première communion, ducasse) devient d’un usage courant.

La vieille souche celtique, très mélangée au cours des invasions du IV°, a donné à nos régions une race bien caractéristique et sans contredit nordique. Le type général du paysan nous présente un gaillard à forte encolure, dur à la besogne, esclave comme son père, de la glèbe à qui il fait rendre ce qu’elle doit donner et, quand il a atteint à l’âge, ses cheveux grisonnants, sa figure barrée d’une forte et large moustache blonde lui donnent la tête antique de ses aïeux celtes. La fermière en général une forte femme blonde, au geste énergique, bien plantée qui faite “son homme” tant à la maison qu’au champ et “porte la culotte” dans le ménage; laborieuse, c’est la fourmi du foyer.

La question vestimentaire n’a jamais beaucoup embarrassé l’homme d’Artois; la vêture est plus simple que dans certaines autres provinces françaises où l’habillement rustique, surtout celui des femmes, est si riche d’ornementations. Les vêtements journaliers étaient composés de toile grossière grise ou bleue. Les jours de grand froid, pour parer aux rigueurs du temps, les hommes endossaient sarrau sur sarrau. Ils se couvraient d’un bonnet de coton bleu à gland, le dimanche, ou aux cérémonies, ils se coiffaient d’une sorte de bonnet casquette en de drap noir ou en velours et dont les revers s’ornaient de broderies de soir noire qui lui donnaient un cachet bien spécial; très rarement, de nos jours, en pleine campagne d’Artois, l’on trouve encore quelques vieux portant cette coiffure. Ils se chaussaient de sabots, rarement de souliers. Pour les grandes occasions, il y avait parfois, un vêtement de drap qui servait à plusieurs générations, et que le chansonnier régional a familiarisé sous le nom de: “l’habit du vieux grand-père”. Dès 1848, on porte la blouse puis l’habit de velours et les souliers.

Le linge des femmes était simple; le drap dont il était confectionné était certes plus rude que celui dont on fait usage de nos jours et les formes très archaïques. La robe était vaste et la “cottelle” aux nombreux plis et aux grandes poches intérieures donnait du corps à celles qui en manquaient. Pour accomplir la besogne journalière on la recouvrait d’un tablier: “un acorcheu” bien lié à la taille. Les vieilles se coiffaient d’un petit bonnet de toile blanche bien empesé; il y en avait de simples pour la semaine et de jolis, bien tuyautés, ornés de fine dentelle, encadrant harmonieusement les vénérables figures d’aïeules, pour le dimanche.

Par les pages qui précèdent, le lecteur a pu déjà se rendre compte de quelques aspects de la vie rurale en Artois au XIX° siècle. La vie intime est celle de tous les paysans de France dans ses grands traits, ici comme dans les autres provinces, c’est le roman de la “Terre”. L’instinct ancestral qui préside à la vie de la ferme de génération en génération est de la faire fructifier afin que son maître puisse économiser et surtout acquérir de la terre: cette vieille soif du paysan, et particulièrement de celui du Nord. Avancer la haie de son champ ou de sa pâture pour gagner un pouce de terrain, soit sur le chemin rural, qu’il rétrécit chaque année par ses empiétements, soit au détriment du champ du voisin et alors prend naissance la source d’un procès de bornage qui dresse deux familles l’une contre l’autre. Et parfois l’âpreté de cet instinct de possession fut l’origine de bien des drames connus.

Les manifestations extérieures de la vie rurale au XIX° siècle sont peu nombreuses. La besogne occupait pendant toutes les heures du jour, la population; il n’y avait que le dimanche pour mettre trêve aux labeurs. Le matin du jour dominical grands et petits assistaient aux offices religieux. La grand-messe était la seule distraction du village, non pas que la foi fut très vive, l’habitude héritée de génération en génération en avait consacré l’usage; c’était le lieu où la grande famille marlésienne se trouvait réunie une fois par semaine et, à la sortie, quand ce n’était pas durant l’office, on s’informait des travaux de cultures, de la vente des produits et bien souvent on y concluait de petits marchés. L’après-midi, pour terminer la journée, les hommes se rassemblaient dans les quelques cabarets du village où l’on passait la soirée en jouant aux cartes tout en buvant de larges rasades de bière et parfois l’eau de vie. Une fois par an, le dernier dimanche de septembre, arrivait la fête communale: “la ducasse”. Gardez-vous de penser à nos modernes fêtes foraines avec leur baraques et leur mille jeux de lumière. En ces temps, elle se manifestait par la confection des bonnes tartes au lait bouilli, ou aux pommes et, le soir, par un bal qui, s’il faisait beau temps, avait lieu dans un pré ou un “violoneux”, grimpé sur un tonneau, faisait tournoyer les danseurs ou, si le temps était mauvais, dans une grange que l’on arrosait de temps à autres pour ne pas faire de poussière.

La jeunesse, surtout les filles en quête de mariage, se rendait parfois à Camblain-Châtelain où avait lieu ce qu’on appelait la “Foire aux filles”. Toutes les filles du pays, voulant passer l’anneau nuptial, se réunissaient, au beau temps, sur le coteau que se trouve à la droite de l’entrée du bois de ce village et s’y asseyaient en ronds parmi lesquels circulaient les jeunes gens faisant leur choix au milieu des quolibets et des rires.

L’hiver, la vie au foyer devenait plus intense, les courts jours ne permettaient pas de grands travaux et le soir, trop tôt venu, obligeait la famille à se retrouver, plus tôt que de coutume, sous le toit familial; après le souper, souvent en compagnie de quelques parents ou voisins, on se réunissait en rond autour de la cheminée; l’aïeule, assise dans son grand fauteuil, présidait et ressassait pour la énième fois tous les contes et légendes du folklore artésien, si riche, si pittoresque et si varié. Toute l’assemblée, avec attention, écoutait la vieille maman égrenant ses souvenirs, pendant que les femmes tricotaient, que les hommes tiraient d’énormes colonnes de fumée de leur bouffarde et que les enfants, très sages, ouvraient de grands yeux reflétant une vive émotion. La scène, éclairée faiblement par la petite flamme du créchet ou tout simplement par les reflets de la grosse bûche pétillante qui flambait dans l’âtre, vacillant au gré des lutins familiers et dessinant sur les murs les ombres grimaçantes de chacun, était toute de circonstance et créait l’atmosphère nécessaire aux étranges actions et faits dont grand-mère parlait. Elle leur contait l’histoire: “d’ech’ tien blanc” (le chien blanc) qui grimpait sur le dos des voyageurs attardés et les harassait de fatigue; “des loups-garous”, esprits malfaisants qui empruntaient la forme d’un loup et jouaient mille vilains tours aux pauvres mortels et se faisaient entendre pendant le carême, surtout durant l’Avent, dans les voisinage des bois. C’était, disait la bonne vieille, les âmes des excommuniés, qui, sous ce déguisement, venaient pousser des hurlements lugubres. On les avait encore entendus l’année dernière, affirmait-elle. (1) Aux enfants, elle parlait de “Marie Grauette”, une mauvaise fée qui logeait dans les grottes de vase et de roseaux aux seins des eaux et qui attire à elle les petits enfants qui se promènent le long des berges des rivières ou des étangs. On la voyait souvent le long de la Clarence ou dans les viviers de la ferme de Quennehem. (2)

(1) Cette légende des loups-garous très répandue en Artois est aussi très connue dans le monde anglo-saxon; c’est le “Werewolf” anglais. La plupart de nos légendes d’Artois sont d’ailleurs filles du légendaire saxon et marque par là, la forte empreinte qu’eut chez nous l’invasion saxonne avant la conquête de l’Angleterre.

(2) Cette sirène s’appelle la “Mermaid” en Angleterre, la “Merfrau” en Allemagne et nos aïeux les Morins l’appelaient la “Mergraue”, mot qui a évolué pour se transformer en Meergrauette, Marie Grauette. (Revue du folklore français, A. Demont T. V.)

Le récit s’arrêtait quelque temps, pendant lequel un calme impressionnant régnait, ne laissant percer que les bruits mystérieux du dehors, dans lesquels elle reconnaissait le sabot du “Cheval Blanc” et accusait les enfants, qui manquaient de sagesse, de sa venue, car cet ani mal fantastique en voulait particulièrement aux polissons. “Ch’qvau blanc” était un lutin pernicieux qui prenait la forme d’ ;un animal tout blanc, velu et à quatre pattes. Il portait un collier garni de sonnettes et attirait à lui, par ses maléfices et sa funeste influence, les personnes qui se trouvaient sur son chemin. Un besoin irrésistible leur prenait d’enfourcher la bête qui s’allongeait démesurément au fur et à mesure que le nombre de personnes dont elle se chargeait, augmentait. Quand elle jugeait en avoir assez, elle courait avec une rapidité folle vers la rivière dans laquelle elle précipitait toute sa charge. Le soir “Ech Goblin” se retirait dans les carrières, ou dans les excavations qui existaient le long des routes. On l’avait vu, plusieurs fois, errer le long de la Vallée Carreau, aux carrières … A la fin du récit, tous se taisaient remplis d’effroi, certains s’imaginant entendre les grelots de la dangereuse cavale. Pour le rassurer, le maître du logis leur affirmait que c’était “Cadet” qui remuait à l’écurie. (1) La conversation reprenait, on citait des anecdotes se rapportant aux exploits de: “Marie Grauette” , du “Cheval Blanc”, des “loups-garous” et certains affirmaient avoir été les témoins ou même les héros de telles et telles aventures. Et la vieille, inépuisable, leur parlait du “Neckre”, le plus vieux des fantômes artésiens, transmis par les Morins. Ce dernier prenait différentes formes se métamorphosant tantôt en cheval, tantôt en mouton ou en bélier; il empruntait la figure, parfois d’un singe, parfois d’une chienne; ici c’était un molosse, là un ours, il se montrait sous l’aspect d’un homme ou sous celui d’une femme prenant la physionomie qu’il lui plaisait afin de mystifier les gens.

(1) Légende du Cheval Blanc. C’est le “Holgoblin” anglais, le “Gauwelin” flamand et le “Gowelin ou Kobold” des peuples germaniques. (Folklore français. Tome V. A. Demont)

Puis elle leur parlait: “d’èche l’erminette” ou “d’ech’ cat” (chat blanc) qui se montrait chaque fois que l’on faisait des crêpes (ratons en patois local) et ce pour les manger au fur et à mesure qu’on les cuisait. ”D’èche fureulle”, esprit follet et que le voyageur attardé trouvait sur son chemin et qui se faisait un plaisir de donner de fausses indications aux gens qu’ils rencontrait afin de les égarer? Et les feux follets, “l’âme des morts impurs …”, condamnée à roder dans les cimetières … et les sorcières et les mauvaises personnes qui jettent des sorts et occasionnent mille désagréments à leurs semblables. Dans le silence impressionnant, l’antique horloge martelait dix coups. On s’étonnait d’être resté si longtemps. Les voisins apeurés n’osaient regagner leur chaumière et le patron du logis leur donnait un brin de conduite, pendant que les enfants, avec hâte, s’enfilaient dans leur lit les draps sur la tête.

Nous avons voulu dans ces pages faire revivre quelques jours lointains, dont certains, parmi les plus âgés de nous ont souvenance. Cette vie sociale du XIX° siècle devait être marquée afin de faire connaitre l’évolution des temps et il faut noter aussi que c’est durant cette période que pour Marles, commença une évolution matérielle qui s’accentuant petit à petit allait construire le Marles que nous connaissons. Le premier embryon de transformation date de 1842: ce fut la construction d’une maison-école. L’enseignement y était donné par un clerc laïque qui cumulait avec ses fonctions de pédagogue, celles de chantre à l’église et de sonneur de cloches. Les élèves répartis en deux classes payaient une redevances pour les diverses matières enseignées. Les indigents étaient admis gratuitement. Puis il faudra attendre l’installation des Mines pour voir de nouvelles modifications.

La vie politique, depuis la Révolution, était réduite à sa plus simple expression. Dans le fond de nos provinces, l’écho des grands événements nationaux arrivait toujours avec un grand retard. En 1826, le roi Charles X avait accompli un voyage officiel dans sa province d’Artois dont il avait porté le nom comme prince. Tous nos paysans, endimanchés, se portèrent sur la route Nationale de Béthune à Lillers où le cortège passa. Les maires assurèrent “Sa Majesté” de la fidélité des populations à la monarchie.

Un grand événements national qui eut un retentissement assez considérable dans nos campagnes fut la Révolution de 1848, qui sema à travers le pays, des tas d’espérances nouvelles. Des orateurs parcouraient la région faisant miroiter aux yeux des esclaves de la terre, les beautés du régime à venir. A l’imitation des grands jours de 1793, on planta, à nouveau, les “Arbres de la Liberté”. A Marles, on ne fut pas en reste sur les communes voisines, plusieurs furent plantés: l’un derrière le cimetière qui entourait à cette époque, le côté nord de l’église, un autre, un tilleul qui existait encore avant la guerre, face à la ferme Dégrugillier. Lors de leur plantation qui eut lieu sous la présidence de Monsieur Adrien Hautefeuille, maire, des discours furent prononcés, sur la place de l’église, par Messieurs Denissel et Alexandre Carlier. Ces discours, empreints du nouveau libéralisme à la mode, furent plusieurs fois interrompus par le comte Frédéric de Beaulaincourt et Monsieur Yvain, curé de la paroisse. La cérémonie fut clôturée par des manoeuvres de la Garde Nationale, fondée sur l’ordre du gouvernement de Louis-Philippe. Chaque commune possédait sa section qui élisait son état-major. On relève en 1840, la nomination de Louis Mallet comme capitaine, Louis Cheval, comme lieutenant, Bruno Sartel, comme sous-lieutenant. Le 25 Novembre 1843, ils furent remplacés par Louis Lemaire comme capitaine, Hautefeuille Valéry comme officier et Sartel Bruno comme sous-officier. Il nous faudra attendre les années 1851 et 1852 pour qu’un nouvel événement fasse participer Marles à la vie nationale. A ces dates, Louis Napoléon Bonaparte accomplit ses coups d’état et devient Empereur sous le nom de Napoléon III. Il se fait plébisciter par la France entière. Les Marlésiens, comme les autres, par deux fois, accordèrent leur confiance au neveu du grand Empereur. C’est au début de son règne que les prospecteurs fouillant le sol de l’Artois, découvrir la houille. Découverte capitale qui allait transformer une paisible région agricole en un centre industriel des plus importants. On trouvera au chapitre suivant les péripéties de cette installation dans notre village qui allait devenir: Marles-les-Mines.

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