CHAPITRE NEUF -- CULTE

Culte Catholique
Culte Protestant
Église
Cloches


CULTE CATHOLIQUE

Historique: De l’Artois, nos régions furent évangélisées les premières, grâce à la Chaussée Romaine, communément appelée Chaussée Brunehaut, l’une des premières voies de communication de cette province.

Saint Fuscien, Saint Victorien, y reçurent la palme du martyr. Saint Antimonde fonda l’évêché de Thérouanne auquel furent rattachés tous les villages de la Morinie. On se demande même si le pieux, charitable et grand apôtre des Gaules: Saint Martin, ne vint pas évangéliser notre province.

Vers les X° et XI° siècles, les provinces du Nord de la France furent celles où les vocations monastiques furent les plus nombreuses; à cette époque deux prêtres: Eurémar et Arnoult, fondèrent, au bourg de Chocques sur la Clarence, une abbaye sous le vocable de Saint Jean: “Sanctus Joannes in Pratis”, Saint Jean des Pretz. Cette abbaye de l’ordre de Saint Augustin, prit rapidement de l’extension et ses abbés acquirent des seigneurs des environs, la propriété des autels de leurs seigneuries.

C’est ainsi qu’ils devinrent propriétaires de celles de Marles et de Calonne.

En 1120, le bienheureux Jean, évêque de Thérouanne, dont dépendait le village de Marles, confirme à l’abbaye de Chocques, (1) dans une charte, la possession de l’autel de ce village “MALENES”.

(1) Histoire de l’Abbaye de Chocques par l’abbé Robert.

Il arrivait très souvent, que les successeurs d’un seigneur regrettaient les dons faits par leurs aïeux au monastère et essayaient, par la force ou l’astuce, de reprendre les biens de leurs prédécesseurs, aussi les moines de Chocques plaçaient-ils leurs propriétés “afin d’empêcher les envahissements des puissances séculières” sous la protection des influents évêques de Thérouanne et même sous celle beaucoup plus haute du Pape.

Après Jean, son successeur au siège de Thérouanne: Millon, les confirma à son tour.

La garantie de protection de l’évêque diocésain ne pouvant suffire, tous les biens de l’abbaye de Chocques furent successivement placés sous la tutelle des papes: Eugène III en 1147, Alexandre III en 1173; Lucius III en 1185, et Urbain en 1187; comme sous celle de plusieurs de leurs successeurs.

C’est en 1202, qu’un seigneur de Marles du nom de Symon, vend la dîme de Marles à l’abbaye de Chocques. Dans le texte de cette transaction: document rédigé en latin, comme c’était l’usage à cette époque, Marles y est désigné sous les noms de Molesnes et Masnes.

En 1204, Jean de Marles reconnaît l’abbaye de Chocques, une rente de deux sous parisis à prendre sur le pré du fief, sis près du moulin de Marles, l’orthographe de ce nom sur le manuscrit relatant ce fait se rapproche de celle d’aujourd’hui on y lit MALNES.

Marles qui n’était pas une paroisse, dépendait pour le spirituel du village voisin, Calonne, dont il était secours ou annexe.

Après la destruction de Thérouanne, en 1553, par Charles Quint, qui dans la rage d’avoir échoué devant Metz, détruisit complètement l’antique capitale des Morins, qui ne se releva jamais de ses ruines, l’évêché de cette ville fut démembré pour former ceux de Boulogne, de Saint Omer et d’Ypres.

Marles fit partie avec Calonne de l’évêché de Boulogne.

Un religieux de l’abbaye de Chocques se trouvait toujours à la tête de la cure de Calonne et jusqu’à la Révolution il en fut ainsi. Il desservait les deux villages quand en 1707, le 21 Juin, les habitants de Marles passèrent un accord avec l’évêque de Boulogne et le curé de Calonne afin que la chapelle de Marles eut un vicaire spécialement attaché à elle. Voici la teneur de cet acte, d’après une copie délivrée le 20 Août 1707 par le secrétaire de l’évêché de Boulogne et signée: Lecouvreur:

“Accord entre l’évêque, Patrice de Gouy, abbé régulier de Chocques, le curé de Calonne Ricouart et Marles son secours et les habitants de Marles pour l’établissement d’un chapelain vicaire à Marles. – Il devra recevoir 45 livres de l’abbaye de Chocques, 45 livres du curé de Calonne, 60 livres des paroissiens de Marles: soit en tout: 150 livres.”

Mais cette convention ne semble pas avoir toujours été respectée par les parties et, le 19 Mars 1719, les habitants de Marles protestèrent près de l’abbé et des religieux de l’abbaye Saint Jean Baptiste es-prez-lez Chocques et à sire Joseph Malbrancq religieux de la même abbaye, curé de Calonne Ricouart et de Marles, demandant qu’on observe la convention passée le 21 Juin 1707 devant l'évêque de Boulogne: “que si celui-ci refuse de renouveler les pouvoirs du châtelain de Marles: il en donne un autre. D’ailleurs le Sieur Flament leur chapelain continue à administrer les sacrements en cas de nécessité”. (1)

(1) Archives de la famille de Beaulaincourt. Rodière et la Charie

Quand les Beaulaincourt devinrent comte de Marles, ils eurent plusieurs contestations avec le curé de Calonne Marles, on a pu lire au chapitre “Marles sous l’Ancien Régime”, celle qui s’éleva entre Philippe, Alexandre de Beaulaincourt et sire Joseph Malbrancq curé de Calonne Ricouart Marles.

Il faut arriver à la Révolution pour noter le principal fait historique intéressant les curés de Calonne et Marles. Nous n’allons pas reprendre ici toutes les péripéties de la vie du religieux Joachim Laurent pendant cette période des plus troublées: vie que nous avons contée dans ces détails au chapitre Cinq.

A titre documentaire, voici la liste des vicaires de Marles jusqu’à la Révolution:

1707 à 1727 Flament
1727 à 1728Deferque
1728 à 1729J. Andreuf
1729 à 1734Raimbert et Ch. Florent
1734 à 1743François Bourgeois
1743 à 1745Theviez
1745 à 1748J. Wattez
1753Libessart
1748 à 1772Jh. Chombart
1772 à 1785Caron et Vasseur
1785 à 1792 Gobert qui deviendra le curé constitutionnel ’Auchel et Marles.

Puis vinrent les événements de 1793, l’église est fermée quelques temps pendant que l’abbé Joachim Laurent parcourt les paroisses abandonnées.

La tourmente passée, Monseigneur de la Tour d’Auvergne (plus tard Cardinal) évêque du nouveau diocèse formé par le département du Pas-de-Calais réorganisateur du culte catholique dans la province, confia à l’abbé Laurent, le soin de réorganiser les deux cures à la tête desquelles il demeura de 1792 à 1807; ses successeurs furent , de 1807 à 1833, l’abbé Bigaud, de 1833 à 1845 l’abbé Catouillart.

A cette date, le Cardinal de la Tour d’Auvergne érigea la cure de Marles en succursale indépendante; voici le texte de l’annonce de cette érection, transmise à l’abbé Catouillart:

“M. l’abbé, j’ai l’honneur de vous adresser la copie d’une ampliation de l’ordonnance royale du 18 de ce mois qui a érigé en succursale l’église de la commune de Marles. Recevez M. l’abbé, etc …”

Le premier curé de Marles fut l’abbé Yvain Jean Baptiste, qui demeura à la tête de la paroisse jusqu’à sa mort survenue le 29 Mars 1881. (1) Ses successeurs furent MM. les abbés Bernard Emile 1881-1905, Hernu 1905-1917 et Louchet Henri de 1917 à ce jour.

(1) Une grande croix, (qui se trouve encore aujourd’hui sur le mur de gauche de l’Eglise, contre le clocher), surmontait sa tombe, elle porte l’inscription suivante: A la mémoire de J.-Bte Yvain, curé de Marles, né à Amettes, le 14 Novembre 1815, d. c. d. à Marles le 29 Mars 1881.

Sous le pastorat de l’abbé Bigaud, curé de Calonne Ricouart Marles, de 1807 à 1833, il exista à Marles-les-Mines, une confrérie dite du St Sacrement. Composée de huit membres, tous tenus d’assister aux enterrements, elle disparut lors de l’arrivée de l’abbé Catouillart en 1833. Les confrères vêtus d’un grand manteau, portaient sur l’épaule gauche une bande d’étoffe qui leur retombait sur le dos et sur laquelle se trouvaient brodés les insignes du St Sacrement. Lorsqu’ils assistaient aux offices du dimanche, ils s’avançaient à la bénédiction, portant à la main gauche une petite bannière, et à la main droite un cierge. Chaque année, le dernier dimanche de Septembre, le prévost était tenu de donner à dîner à Monsieur le curé et aux confrères.


CULTE PROTESTANT

Au XVI° siècle les doctrines de Calvin furent répandues dans le cercle de Bourgogne, dont faisait partie l’Artois, et y prirent une extension considérable. Bientôt toutes les provinces du Nord de cet état adhèrent au calvinisme. Philippe II, roi d’Espagne, et souverain des Pays-Bas, qui se croyait le défenseur patenté du catholicisme, institua une répression assez cruelle qui se transforma en une véritable inquisition. Une grande révolte éclata, sous la direction de la maison d’Orange, qui assura l’indépendance des provinces du Nord qui formèrent la République des Provinces Unies ou Hollande.

En Artois, au début de la propagation de la Réforme, à cette époque où les gens n’avaient pour se passionner que les idées religieuses – la politique nous était réservée par le destin – des prosélytes de la nouvelle religion, parcouraient nos villages où ils recrutaient des adeptes au protestantisme. Bientôt tout le littoral, une partie de la région d’Arras, et tout le pays d’Alleu (Bas Pays de Béthune à Laventie) adhèrent à la Réforme qui, de jour en jour, s’infiltrait dans nos bourgs. A cette époque, se place la répression de Philippe II et la révolte des Provinces du Nord. Nous avons vu au chapitre III ce qui s’y rapporte pour l’Artois, qui fut, au moment des succès de la maison d’Orange, à deux doigts d’être calvanisé; finalement vaincus, les protestants des provinces du Sud, du cercle de Bourgogne, furent bannis. Bon nombre de familles artésiennes qui avaient embrassé la nouvelle religion passèrent en Angleterre. (1)

(1) Beuzart Paul. Les hérésies pendant le Moyen Age et la Réforme dans la région d’Arras, Douai et le Pays d’Alleu.

Il nous faudra arriver au XIX° siècle pour voir réapparaître, dans nos régions, l’Eglise réformée. A cette époque plusieurs familles de Marles, se convertirent à ses dogmes et de nos jours, Marles-les-Mines est desservie par les églises évangéliques d’Auchel et Bruay.


L’ÉGLISE

La première église de Marles datait du XVI° siècle, ou plus exactement de 1536 (1), ainsi que l’indique un grès carré, de 0m28 de côté, qui se trouvait autrefois au-dessus de la porte latérale d’entrée et qui, aujourd’hui, est encastré dans le mur gauche de la Chapelle Saint Vaast.

(1) Bien lire 1536, et non 1436 comme certains le prétendent. Le 5 gothique de cette époque ressemble à notre 4 moderne

C’est grâce à ce vieux témoin de pierre que l’on connaît, de façon précise, l’année durant laquelle le Seigneur de Marles, de cette époque, fit construire ce premier édifice dont il ne reste plus aujourd’hui que le choeur, bien des fois restauré depuis ces temps.

C’est au vieil écu français, sculpté au-dessous du millésime précité, écu qui se blasonne de la sorte: “Ecartelé d’or et de gueules au 1 et 4, qui est Noyelles (2) contre écartelé d’or à 3 maillets de sinoples posés 2 et 1, qui est Mailly” (3), que nous devons de connaitre le nom des fondateurs de la première église de Marles. Il s’agit de Philippe de Noyelles et de sa femme: dame Antoinette de Mailly (on voit par là, l’utilité du blason).

(2) C’est à dire divisé en quatre et colorié en un damier jaune et rouge.
(3) C’est à dire écu d’or (jaune) à 3 maillets de couleur verte.

Il est à remarquer que la plupart des vieilles églises de nos régions datent du XVI° siècle, ainsi qu’en font foi les dates gravées sur leurs frontons. (4). Elles sont toutes, en général, de style gothique et bâties en pierres de craie ou blanc du pays que l’on trouve dans les flancs des coteaux d’Artois. Ces pierre sont si tendres et si faciles à travailler que, les anciens, les ont surnommées: “pierres de beurre”. L’église de Marles, et le choeur en témoigne, n’échappait pas à cette règle commune, L’on sait que la persistance, jusqu’aux abords du XVIII° siècle, du style gothique en Artois (XIII° et flamboyant) est un fait remarquable dans notre province.

(4) Auchel, Ferfaÿ, Nédon, etc …

Un puissant Seigneur tel que Philippe de Noyelles, Maître d’Hôtel du Duc de Bourgogne, Comte d’Artois, afin de consacrer son souvenir et celui de sa femme, possédait la magnificence nécessaire pour doter sa seigneurie principale d’une pieuse construction. La chose était très courante en ces temps où la fois était très vive.

Cette chapelle, entretenue par les seigneurs des familles de Noyelles et de Beaulaincourt, répondit toujours aux besoins spirituels de la population qui se chiffrait alors avant la Révolution à 100 feux pour employer le langage du temps, c’est à dire 400 habitants. Il nous faut arriver au XIX° siècle, lors de l’installation des mines à Marles, installation qui a accru très sensiblement la population, pour qu’on s'aperçoive que l’église trop exiguë, ne répond plus aux besoins de l’heure et nécessite des transformations.

La première date de 1856: Madame Corbinière, née Cardon du Flégard, descendante des anciens seigneurs de Rougeville, l’une des trois seigneuries de Marles, proposa, à cette date, à la commune de construire une sacristie, adossée à l’église, à condition d’établir, dessous, une sépulture perpétuelle pour les siens. Cette proposition fut acceptée et la sacristie et le caveau édifiés.

En 1864, la Fabrique paroissiale et le Conseil Municipal discutent de l’agrandissement nécessaire de l’église; Monsieur Dégez, architecte à Béthune, est chargé de l’établissement du projet.

Devant l’effort financier que la nouvelle construction nécessite, et devant le peu de ressources dont l’on dispose, en 1886, un nouveau projet est étudié, et un arrangement intervient entre la commune et la fabrique, qui, grâce aux collectes et aux dons qu’elle a organisés et ramassés auprès des paroissiens, s’offre de faire construire le nouveau vaisseau de l’église. Les travaux supplémentaires, c’est à dire la construction des deux travées et du clocher resteront à la charge de la commune.

Les ressources de ce petit village, qui commençait à se transformer, n’étaient pas nombreuses et il fallut le concours de l’Etat et la vente de plusieurs arbres qui se trouvaient sur le domaine communal pour se procurer les fonds nécessaires.

Enfin, en 1869, le gros oeuvre était terminé et la nouvelle église livrée au culte et, en 1882, dernière modification, on y construisit deux tribunes, qui achevèrent de lui donner l’aspect que nous lui connaissons tous, c’est à dire sa figure d’aujourd’hui.

Le temps, les affaissements miniers, lui ont occasionné bien des troubles mais, en général, restaurée en temps utiles, elle offre un aspect digne de sa mission. Autrefois elle était le coeur du village mais, depuis, ce dernier a tellement pris de l’extension, que son centre s’est déplacé. L’aspect extérieur de cet édifice nous montre de façon distincte ses divers remaniements; à la flèche qui s’élance vers les nues, vient s’adosser le vaisseau en briques du pays, sur lequel semble posé le choeur en pierre de craie.

Dédié à Saint Vaast, le grand missionnaire de nos régions, elle se compose à l’heure actuelle de deux parties: le choeur qui, comme nous l’avons vu plus haut, date du XVI° siècle, seul reste de l’ancien édifice, et la nef qui est du XIX°. Le tout construit en style ogival du XV° siècle.

Le corps principal du nouveau bâtiment, bâti en briques avec ornementation en pierres de craie, se compose d’une nef principale qui continue le choeur, et de deux nefs latérales où sont situées à gauche, la chapelle de la Vierge, à droite de la chapelle Saint Vaast.

L’ensemble de ces nefs est éclairé par huit fenêtres, aux douces grisailles, relevées de tonalités éclatantes, tamisant l’éclat de la lumière et lui donnant un calme rayonnant de circonstance. Le choeur est très éclairé: sept fenêtres aux grisailles semblables à celles des nefs lui procurent la lumière: deux sont garnies de vitraux peints, sans rien de bien remarquable et offrant des compositions générales. Celui de droite représente: la scène tragique de Golgotha, celui de gauche: La Sainte Famille.

L’ensemble des nefs est d’assez vastes proportions: il a 16m79 de longueur, 15 mètres de largeur, 10m35 d’élévation sous la voûte principale, et 8m66 sous la voûte latérale.

Le choeur a 11m78 de longueur, 7m05 de largeur et 8m25 d’élévation sous la voûte.

Les voûtes des nefs reposent leurs arcs en ogive, aux légers cordons, sur six piliers en pierres de craie dont les fûts sont recouverts de stuc.

Les voûtes du choeur sont soutenues par six cordons qui partent des consoles pour se joindre en une clef de voûte centrale.

Le choeur ainsi que les nefs sont pavés de dalles en pierres bleues, hormis l’allée centrale qui est en céramique.

Chaque nef latérale est terminée par une petite chapelle: celle de gauche, placée sous l’invocation de la Vierge, est éclairée par un petit vitrail représentant Notre Dame de Lourdes; celle de droite, consacrée au patron de la paroisse: Saint Vaast, est aussi éclairée par un petit vitrail fixant les traits du saint évêque d’Arras. Une plaque nous apprend que la chapelle fut construite grâce aux libéralités de la famille Lemaire.

Le maître autel, les autels de la Vierge, de Saint Vaast, de Saint Antoine de Padoue et de Sainte Thérèse, la chaire de la vérité, les confessionnaux, sont en chêne et du même style que l’ensemble; les fonds baptismaux, ainsi que le dais qui les entoure et les surplombe, de construction plus récente, sont des copies de pur style gothique XV° siècle. Ces copies sortent de l’atelier de notre concitoyen: M. Guffroy, sculpteur émérite.

Au fond de la nef centrale, opposée au maître autel, se trouve le buffet des orgues.

Comme dans toutes les églises, l’ornementation est constituée par diverses statues, sans aucune qualité artistique, des patrons et patronnes de l’église romaine et par un chemin de la Croix en stuc moulé.

Dans le choeur, sur le mur droit, l’on remarque une toile représentant une “Assomption”.

Sur le milieu du mur gauche, se trouve un grand crucifix. Une inscription affirme que le bois du pilier vertical contient une relique de la vraie croix. Face à cette croix dans la nef latérale de gauche, un grand retable de marbre encastré et mouluré de bois de chêne finement sculpté, par notre artiste marlésien précité, rappelle le souvenir des enfants de Marles tombés au champ d’honneur.

A droite de l’entrée principale se trouve un second crucifix, sans style (copie du crucifix de Lesueur), et l’on remarque au dessus de la petite porte d’entrée latérale de droite, un ex-voto portant cette inscription: “MONSIEUR RAIMBEAU, ECUYER de Sa Majesté L’Empereur Napoléon III, Chevalier de la Légion d’Honneur, Reconnaissance, 1869”.

Avant d’en finir avec la description de l’église de Marles, il nous faut parler d’un témoin de pierre intéressant l’histoire de cette commune et qui se trouve scellé sur le bas-côté nord du choeur. Nous voulons parler de la pierre tombale de Jean Georges de Beaulaincourt, seigneur de Bellenville, comte de Marles, mort en son château de Marles le 25 Décembre 1699, âgé de 42 ans. Pour terminer ce paragraphe consacré à l’église paroissiale, nous allons vous donner la description épigraphique exacte de ce document tumulaire telle que la donne MM. Rodière et la Charie: (1)

(1) Archives de la famille Beaulaincourt, page 226. Épigraphie du département du Pas de Calais, Tome VIII, page 619.

“Grande pierre de Tournay de 1m16 sur 0m91, malheureusement très endommagée (2) . Le défunt, en demi bosse, est couché sur le dos, les mains jointes, la tête sur un coussin; il est coiffé d’une perruque basse, mais aux cheveux longs, cravate à coques autour du col. Armure articulée, cuirasse, brassards, cubitières, cuissards, genouillères, jambières, ceinture festonnée où pend l’épée à gauche. A droite du gisant, à ses pieds, son heaume.”

(2) Elle fut martelée lors de la Révolution. On y distingue très bien les marques des coups de marteaux.

“Au dessus de la tête, un grand écusson, aux armes de Beaulaincourt, martelées, mais encore bien reconnaissables, tenues par deux sauvages et timbrées d’une couronne de comte.”

“L’inscription, sous les pieds, est absolument illisible. Des seize quartiers, placés à droite et à gauche, on ne voit plus que peu de chose. Les noms étaient gravés au dessus des écussons, savoir:

Beaulaincourt (rien)
d’Esclaibes (rien)
Mon (S) (rien)
La Forge – on voit la fasce vivrée
Béthune – on voit la fasce
Le Hibert – Trois poissons
Fléchin – on voit le fascé
Hérins (rien)
Hamel (rien)
Ollehain – on voit le tourteau de la pointe
For(vy) – Bien conservé: dix losanges aboutis et accolés 3.3.3.1.
La Hache – Deux haches en sautoir
d’Esclaibes (rien)
Villers-au-Tertre – on voit l’écusson
Hornes (rien)
Melun – on voit un chef chargé d’une aiglette à dextre (brisure)

Les deux distingués épigraphistes qui ont étudié cette pierre font suivre leur étude de ces déclarations:

“Ce qui reste des noms et des figures héraldiques permet, on le voit, d’affirmer que nous sommes en présence du tombeau de Jean Georges. Il faut remarquer la persistance du type de pierre tombale à gisant jusqu’au commencement du XVIII° siècle; on n’en connaît aucun autre exemple de date aussi récente. Une fois de plus nous constatons la permanence archaïque, en Artois des anciennes coutumes.”

“Le lièvre de Neulette, dans son Epitaphier (conservé au chartrier de Cauroy) dit avoir vu le grand marbre de M. de Beaulaincourt, comte de Marles, où il est représenté tout armé avec ses seize quartierz chez le sculpteur devant l’Eau d’Amaing (p.280): lisez place du Wetz d’Amain à Arras. C’est donc en cette ville que la pierre tombale a été sculptée. Il est regrettable que M. Neulette, qui énumère les quartiers, n’ait pas copié l’inscription.” (1)

(1) R. Rodière et la Charie: Archives de la famille de Beaulaincourt et Épigraphie du Pas de Calais, Tome VIII, page 619.


LES CLOCHES

L’on trouve au registre d’Etat-Civil, dit de catholicité, de Marles, année 1714, le procès-verbal de la bénédiction d’une cloche en l’église de ce village. Voici la copie textuelle de ce document:

“L’an de grâce mil sept cent quatorze, le quatrième jour de juin, je Antoine Dutailly, curé et prêtre doyen de chrétienté du district d’Auxsy au Boism ait faite la bénédiction d’une cloche de l’église de Marles, à l’assistance de Mr Jean Alexis de Fontaine, curé d’Auxsy au Bois; Mr Antoine de Wimille, curé d’Auchel; Mr Ph. Danvin, chapelain d’A…dre, et Mr Ch. Flament, chapelain de Marles; laquelle cloche a été nommée Marie Patrice par Mr de Fontaine, curé d’Auxsy au Boism et Marie Anne Joseph Delemotte jeune fille mairesse dud. Lieu, au nom et en l’absence de Dom Patrice de Gouy, l’abbé de Chocques et dame Marie Catherine Le Vaillant, comtesse de Marles, parrain et marraine, desnommés et gravés sur la dite cloche; lesquels ont signé cy dessous avec moi doyen dessus nommé, le jour, mois et an que dessus.” (1)

(1) Archives municipales.

La façade principale de l’ancienne chapelle de Marles offrait, au sud-ouest, un pignon, tout en pierre de craie, au milieu du fronton duquel se trouvait un jour où se balançait en plein air, la cloche, visible de tous. C’est dans ce campanile rustique que fut hissée celle dont nous venons de citer l’acte de baptême. Elle y assura son service jusqu’à la Révolution. Lors de la Terreur, et après la fermeture des édifices religieux, la Convention réquisitionna toutes les cloches pour les fondre en canons et en gros sous. Celle de Marles, comme bien d’autres, fut descendue et livrée au fondeur.

Dès la restauration du culte, Mgr de la Tour d’Auvergne s’employa à récupérer toutes les cloches que la fonte avait épargnées et il en fit une juste répartition aux paroisses de son diocèse. Il est à présumer que Marles récupéra, de cette façon, une cloche qui, a son tour, assura le service jusqu’en 1900.

A cette date, l’abbé Bernard, curé de Marles-les-Mines, voulant compléter la restauration et la transformation de l’église qui venaient d’être terminées en 1867, décida de placer dans le haut du clocher, à la fine flèche octogonale s’élançant vers les nues, un joli carillon de quatre cloches. Grâce à la générosité des familles catholique marlésiennes et à la Compagnie des Mines de Marles, il put mettre son projet à exécution. En premier lieu, la vieille cloche fut refondue et transformée. Elle fut rebaptisée le 2 Juillet 1893; livrée par la Maison Drouot Wauthy, de Douai, elle pèse 1007 kilos; elle a 1m20 de diamètre à la base et 0m95 de haut, et porte les inscriptions suivantes:

D’un côté: “Je m’appelle Ursmarine, Augustine, Joséphine, Marie, Jeanne. J’ai été baptisée le 2 Juillet 1893, sous l’administration de Mr Gustave Lemaire, maire de Marles, et le pastorat de Mr l’abbé Bernard, curé de Marles.”

De l’autre côté: “J’ai eu pour parrain Mr Auguste Delécaut, agent comptable des Mines de Marles, et pour marraine dame Ursmarine, Hanarte, son épouse.” – Et plus bas: FONDERIE DE CH. DROUOT DE DOUAI.

Trois ans plus tard, la Maison Drouot - Wauthy de Douai livrait à nouveau, à la paroisse de Marles-les-Mines, trois nouvelles cloches qui allaient rejoindre leur aînée dans la cage du clocher, pour former, avec elle, cette musique aérienne, qui préside aux joies et douleurs des Marlésiens et semble être la voix du village.

La première porte les inscriptions:

“Je porte le nom de Saint Antoine de Padoue, j’ai été baptisée le 28 Octobre dix neuf cent, sous le pastorat de Mr l’abbé Bernard, j’ai eu pour parrain Mr Gabriel CODRON et pour marraine Mme Flore DELMOTTE.”

La seconde:

“Le porte le nom de Sainte Ide, mère de Godefroy de Bouillon, tante de Saint Antoine de Padoue, j’ai été baptisée le 28 Octobre mil neuf cent, sous le pastorat de Mr l’abbé Bernard; j’ai eu pour parrain Mr Eugène Lecour et pour marraine Mme Valentine Carlier.”

La troisième est la plus petite:

“Je porte le nom de Dona Thérèse, mère de Saint Antoine de Padoue, j’ai été baptisée le 28 Octobre mil neuf cent, sous le pastorat de Mr l’abbé Bernard; j’ai eu pour parrain Mr Florimond Dupont et pour marraine Mme Victoria Duprez.”

Debut du Livre